Mal-être au travail, vos témoignages
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Les salariés français ne sont pas les plus satisfaits quant à leur bien-être au travail. Selon un baromètre Edenred-Ipsos publié ce jeudi, réalisé auprès de 14.400 salariés de 15 pays, la France se classe seulement en 12e position. Le pays est à la traine. Exception culturelle ou vrai problème de fond des politiques RH?
L’étude se basait sur les 3 critères suivant :
- le cadre de travail (équipement, solidarité, objectifs…)
- l’attention (considération de la hiérarchie, investissement dans la formation…)
- l’émotion (plaisir à travailler, intérêt pour les missions, confiance en l’avenir…).
Il y a un vrai malaise dans notre rapport au travail et c’est pour moi un des grands tabou de notre société. On peut aborder tous les problèmes, on peut évoquer en société les problèmes administratifs, parfois financier, même les problèmes intimes sont de moins en moins tabous, mais les problèmes au boulot ? On ose pas, ce serait mal vu, on passerait pour un faible, pour un incompétent, pour quelqu’un de mauvais…
Oui, si vous avez des problèmes au boulot, vous êtes quelqu’un de mauvais, désolé, c’est comme ça, c’est la société. On nous définit par le travail. “Vous faites quoi dans la vie ?” c’est la question qui revient toujours parmi les première lorsqu’on rencontre quelqu’un. Même depuis tout petit, les adultes vous demandaient “alors tu veux faire quoi quand tu seras grand ?”. Le métier forge notre identité sociale, au point de devenir une partie de notre identité tout court. Métro, boulot, dodo : on passe plus de temps avec ses collègues qu’avec sa famille, en terme de temps la période de vos 20-65 ans sera majoritairement occupée par le travail (vos horaires + vos trajets + le travail en dehors des horaires qui se fait de plus en plus). Bref, vous n’êtes plus une personne, vous êtes un métier.
Donc oui, si vous avez des problèmes au travail, vous êtes quelqu’un de mauvais, c’est horrible hein ?Je vous renvoie à la série de vidéos de Dany Caligula sur le sujet (je les posterais ce soir de chez moi) qui développe énormément ces problématiques de notre rapport malsain au travail.
Ces mal être au travail sont amplifiées par la tendance actuelle des politiques de ressources humaines qui consistent à vouloir que les salariés “aiment” leur travail, qu’ils soient volontaires et en redemandent… Bref, pour traduire le sous-texte : qu’ils soient les petits soldats idéals, les “bitchs” de la boite qui feront tout pour elle. Dans un contexte de chômage structurel de masse, devoir se conformer à ce moule de soldat aliéné pour avoir son précieux CDI peut devenir un vrai calvaire. “En plus de nous bouffer tout notre temps, il faudrait en plus qu’on fasse mine d’aimer ça ?”. Quand en plus le métier est pas si intéressant que ça, qu’il est déprécié par la hiérarchie, par l’opinion publique… alors la ça deviens le pompon.
Quel est votre rapport au travail ?
Vous sentez vous bien dans votre travail ?
Est ce qu’elle vous plait cette vie ?Vous sentez vous concernés par une ou plusieurs de ces problématiques ? :
- Décalage total entre la vie que l’on rêvait adolescent et celle dans laquelle on se retrouve enfermé à l’age adulte.
- Intérêt limité pour le travail
- Sentiment de déséquilibre entre vies personnelle et professionnelle.
- Manque de considération de la hiérarchie (“ils ne savent pas ce qu’on fait” ou “ils ne se rendent pas compte de ce que c’est”)
- Faible solidarité entre collègues (la compétition et la jalousie prenant le pas sur la solidarité pour l’accomplissement d’un objectif commun)
- Pas de déconnexion : lecture des mails pro le week end ou en vacance etc…
- Borout, travail peu “challengeant”…
- Burnout, obsession pour le boulot…
Et plus généralement, que pensez vous de l’expression “perdre sa vie à la gagner” ? Est ce que ça vous fait pas chier vous de passer les plus belles années de votre vie à réaliser des taches annexes pour enrichir le propriétaire de votre boite afin qu’il daigne vous laisser un peu d’argent de poche chaque mois sous forme de “salaire” ? Avez vous parfois l’impression que votre précieux temps de vie aurait été mieux investit dans autre chose ?
Pour finir ce long post d’introduction, un petit rappel, ça fait pas 15000 ans qu’on s’est aliéné au travail. Le capitalisme est une doctrine très jeune, à peine 3 siècles. On a tendance à l’oublier mais la société du travail, c’est un truc récent, ça n’a pas toujours été comme ça. Et ça le sera probablement pas toujours avec les progrès de la robotique qui feront que les machines prendront notre place de plus en plus lors des décennies et siècles à venir. Il faudra bien imaginer un autre modèle de fonctionnement pour notre société, mais on en est pas encore la malheureusement, donc pour l’instant on serre les dents et on continue à “perdre notre vie à la gagner”.
A vous.