Je suis toujours (une) Locke
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Me revoilà pour un second topic traitant de mon génie. Oui, second signifie qu’il y en a eu un premier, que vous trouverez ici d’ailleurs : https://www.lereboot.com/topic/4664/je-suis-une-locke
Bref, après avoir révolutionné le monde en établissant une nouvelle manière de concevoir le développement humain, j’ai décidé de m’attaquer à la société civile dans mon second chef d’oeuvre incontesté tellement il est génial : traité du gouvernement civil, paru en 1690. Dans ce livre, j’aborde plein de thèmes d’une façon complètement subversive, et comme vous êtes de grosses feignasses qui ne prendront jamais le temps de lire mon travail, je vais vous résumer tout ça.
1 : La propriété
Dans l’état de nature, la notion même de propriété n’existe pas, tout est à tout le monde, et aucune puissance supérieure ne vient interdire à un homme de prendre le gibier qu’un autre a chassé. Sauf que ça, c’est hypothétique, car dans la réalité, ça se passe différemment :
Déjà qu’est-ce qu’une propriété ? Une propriété se définit par rapport aux autres : une chose est mienne si personne d’autre n’a le droit de s’en servir sans mon autorisation. Mais qu’est-ce qui justifie que le lapin que j’ai chassé soit mon gibier et pas celui d’un autre, quand ce même lapin n’appartenait à personne lorsqu’il était vivant ? Eh bien le travail, c’est le travail qui engendre la propriété… Me voilà marxiste avant l’heure dis donc. Mais bref, s’il y a bien une chose pour distinguer le tien, du mien et du sien, c’est bel et bien le travail. De même que c’est le travail qui octroie de la valeur aux choses. Un fruit que l’on ramasse à côté de chez soi a moins de valeur que celui qui nécessite un grand voyage pour être trouvé et cueilli.
Mais au-delà de ces considérations, qu’est-ce qui peut assurer à l’homme un droit de propriété quand n’importe qui peut se pointer avec un gourdin et réclamer ce qu’il jugeait sien ? Ben les lois, et pour qu’il y ait des lois, il faut que les hommes se mettent d’accord entre eux et forment une communauté.
A retenir :
« Un homme qui se nourrit de glands qu’il ramasse sous un chêne, dans un bois, se les approprie certainement, mais quand est-ce que ces choses commencent à lui appartenir ? Il est visible qu’il n’y a rien qui puisse les rendre siennes, que le soin et la peine qu’il prend de les ramasser. Son travail distingue et sépare alors ces fruits des autres qui sont communs »
« l’excès d’une propriété ne consiste point dans l’étendue d’une possession, mais dans la pourriture et dans l’inutilité des fruits qui en proviennent »
2 : La société civile et les lois
Bien sûr si au sein de la société mon voisin peut voler mes carottes, je vois pas quel est l’intérêt de s’établir en communauté. Donc voilà le dilemme, il faut renoncer à certaines libertés (comme taper sur le gosse de Giselle) pour pouvoir en obtenir de plus grandes, comme pouvoir cultiver des patates et être sûr qu’on me les piquera pas.
Pour que les lois se fassent et soient respectées, toute société se dote d’un gouvernement, celui-ci se divise en trois pouvoirs : le pouvoir législatif (qui crée les lois), le pouvoir exécutif (qui fait respecter les lois) et le pouvoir fédératif (qui parle au nom de la communauté). Pour éviter les excès de pouvoir, il est nécessaire et raisonnable de ne pas remettre le pouvoir exécutif et législatif entre les mains des mêmes personnes. Ouais les enfants, la monarchie ça puduk, et c’est pour ça que moha et mes copains avons milité pour une monarchie parlementaire en Angleterre. Ahlala, c’était magnifique, le monde entier nous enviait notre création, enfin c’était surtout la mienne, mais quand même.
Mais quid de ceux qui naissent dans une communauté et qui n’ont pas choisi les lois qui y sont appliquées ? C’est vrai, on va pas demander tous les ans aux citoyens s’ils veulent garder les lois de leur gouvernement ? Eh bien le fait de vivre sous la protection d’un gouvernement fait office de consentement tacite. Le contrat qui s’établit entre la société et chaque individu se fait tacitement, et tous doivent avoir à l’esprit qu’un tel contrat implique des responsabilités de part et d’autre. Car c’est ça la nouveauté ; j’ai instauré des devoirs à la société civile, qui, si elle ne les remplit pas, mérite que les citoyens la remettent en cause.
A retenir :
« Il est certain que la fin d’une loi n’est point d’abolir ou de diminuer la liberté, mais de la conserver et de l’augmenter […] Où il n’y a point de loi, il n’y a point non plus de liberté. Car la liberté consiste à être exempt de gêne et de violence, de la part d’autrui : ce qui ne saurait se trouver où il n’y a point de loi »
« Tout homme qui a quelque possession, qui jouit de quelque terre et de quelque bien qui est de la domination d’un gouvernement, donne par là son consentement tacite, et est obligé d’obéir aux lois de ce gouvernement, tant qu’il jouit des biens qui y sont renfermés »
« Afin d’engager ceux qui détiennent le pouvoir législatif à ne faire de lois que pour le bien public, il a été nécessaire de séparer le législatif de l’exécutif, car on ne peut soumettre un homme à des lois que lui seul peut faire appliquer ; et on ne peut être assuré que des lois ainsi promulguées par ce personnage, ne sont faites dans un intérêt autre que le sien »
3 : Les travers de la société civile
Alors bien sûr, une société de droit doit s’imposer des limites à ne pas franchir, notamment celle de l’intérêt des citoyens. Si jamais un gouvernement en vient à s’approprier plus de pouvoir que les citoyens ne lui en donnent, s’il établit des lois qui nuisent aux libertés des individus, alors le peuple possède le droit légitime de renverser son gouvernement. La souveraineté d’un gouvernement repose sur le pouvoir que lui a attribué le peuple (et on ne peut attribuer plus de pouvoir qu’on en a soi-même), donc si un gouvernement impose des lois que le peuple désapprouve, ce gouvernement deviendra injuste et méritera d’être destitué par ceux-là même qui lui ont permis de s’établir.
A retenir :
« Le pouvoir de la société ou de l’autorité législative établie par ses membres, ne peut jamais être supposé devoir s’étendre plus loin que le bien public ne le demande »
« Le peuple se réserve toujours le pouvoir souverain d’abolir le gouvernement ou de le changer, lorsqu’il voit que les conducteurs, en qui ils avaient mis tant de confiance, agissent d’une manière contraire à la fin pour laquelle ils avaient été revêtus d’autorité »
« Enseigner aux peuples qu’ils sont absous du devoir de l’obéissance, et qu’ils peuvent s’opposer à la violence et aux injustices de leurs Princes et de leurs Magistrats. Si ceux qui pensent qu’enseigner cela ne peut que donner occasion à des guerres civiles, que cela ne tend qu’à détruire la paix dans le monde ; ils peuvent dire sur le même fondement, que les honnêtes gens ne doivent pas s’opposer aux voleurs et aux pirates, parce que cela pourrait donner occasion à des désordres et des effusions de sang […] Il parait donc manifestement, par sa propre doctrine, que puisque dans certains cas on a droit de résister et de s’opposer à un Prince, toute résistance n’est pas rébellion »
Monarchie parlementaire, tout le monde trouvait cette idée trop cool à l’époque, mais certains ont remis ce fonctionnement politique en question, comme un certain Jiji. Il a bon dos le type, y parle d’éducation en ayant abandonné ses cinq lardons et en foirant ses vaines tentatives d’éducateur ; il parle de politique alors qu’il vient de Suisse (la tehon franchement), et il s’est froissé avec tous ses contemporains parce qu’il se comportait comme une princesse. Qui peut prendre un type pareil au sérieux, franchement…
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@lafleure02 a dit dans Je suis toujours (une) Locke :
Édit de Lolly, SPAM
@Prostipute Ton topic sur Locke attire les sorciers, je veux plus vivre.
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Locke, ce génie.
@beanobecher a dit dans Je suis toujours (une) Locke :
@lafleure02 a dit dans Je suis toujours (une) Locke :
Édit de Lolly, SPAM
@Prostipute Ton topic sur Locke attire les sorciers, je veux plus vivre.
Bah c’était un post excellent.