@beanobecher a dit dans Les personnages lgbt+ dans les dessins animés :

Les médias diffusent des idées reçues sur quasiment tout, alors ça m’étonne pas. :fume: On a des documentaires qui peuvent expliquer les choses tells quelles sont, mais même là il faut chercher entre les docu’ un peu miteux. Avec ça on a les sujets tabous qu’on ne peut aborder aisément à la télé, et ça n’aide pas. Mais là c’est South Park donc c’est normal que ça soit tout faussé, puisque c’est le but de la série : caricaturer sa société.

Oui non mais l’humour c’est cool, mais vu que c’est un sujet que les gens connaissent très mal et qui souffre déjà de plein d’idées reçues, je ne suis pas sûre que ça aide >.> Caricaturer, c’est exagérer les traits les plus marquants. Mais en général quand on voit une caricature, on sait que c’est une caricature. Or là, les gens ne savent pas trop ce que c’est, la transidentité. Ils ne savent pas que c’est caricatural (d’ailleurs ce n’est pas toujours caricatural, parfois c’est juste faux >.<). Donc je ne suis pas sûre que ça fonctionne vraiment.

Ensuite les documentaires. Comme tu dis, il y en a pas mal qui sont miteux. Il ne faut pas prendre tout ce qu’ils disent comme une vérité absolue, parfois c’est bien de la merde.
Mais le problème des documentaires, c’est que justement ce sont des documentaires. Est-ce qu’on devrait avoir besoin de regarder un documentaire sur les africains pour voir des noirs à la télé ? Non. D’ailleurs le whitewashing fait couler pas mal d’encre. Et de la même manière, est-ce qu’on devrait avoir besoin de regarder des documentaires pour voir des personnes homos, trans, ou je ne sais quoi ? Non plus.
C’est d’ailleurs ça le problème des documentaires et de la représentation des personnages lgbt dans la fiction. Un documentaire, il faut s’intéresser un minimum au sujet pour le regarder, et c’est censé décrire une phénomène réel.
La fiction, elle a deux rôles concernant les persos lgbt. Le premier, c’est d’augmenter la représentativité des persos lgbt de manière “gratuite”, j’ai envie de dire. C’est à dire, sans que ça soit le sujet du bouquin ou du film, mais juste en sachant que tel personnage est homo. Dans la vraie vie, il y a des homos qui ne sont pas juste définis par leur orientation sexuelle hein. Il y a des banquiers homos, des boulangers homo, des profs homo, des vendeurs de voiture d’occasion homo, etc. Bon bah dans la fiction c’est pareil. Tel personnage peut être homo sans que ça n’ait d’influence sur l’histoire. (Par exemple, Dumbledore est homo, mais ça n’intervient pas dans l’histoire. Ceci dit, c’est dommage que Rowling n’ait pas eu les couilles (figurativement) d’assumer ça et de le dire dans les livres, plutôt que de le dire dans une interview alors qu’on ne le sait pas du tout dans les livres. Mais ça reste super cool qu’un perso aussi important soit officiellement gay.)
Et le deuxième rôle, c’est de permettre au lecteur de s’identifier au personnage. Donc en proposant des personnages lgbt, ça permet aux lecteurs lgbt de s’identifier et de trouver des modèles, d’améliorer leur vision d’eux-même, de les aider dans leurs questionnements, tout ça. Et ça permet aux lecteurs hétéro cis-genre de comprendre un peu ce qu’il se passe dans la tête des personnes lgbt et donc peut-être d’être plus tolérants et plus instruits sur le sujet.

Par exemple, je pense que le personnage d’Isabella dans Paradise Kiss est efficace justement pour le premier rôle que j’ai cité : augmenter la représentativité des persos lgbt. Elle est trans, on sait qu’elle est trans, sa transidentité n’a pas d’influence sur l’histoire, et le perso est important en tant que perso, et non en tant que trans. Elle apporte de la visibilité aux personnes trans, en mode “oui, les personnes trans existent, peut-être même que ta boulangère est trans mais que tu n’en sais rien, mais c’est pas grave car ce sont des personnes comme les autres”.
Après, Isabella va un peu plus loin, puisqu’on apprend son histoire dans un flashback, et donc au cours de ce flashback c’est un peu elle le perso principal. Ce qui revient donc à l’autre rôle dont j’ai parlé, s’identifier au personnage lgbt.

Si on prend l’exemple de Grell Sutcliff (je pense que je ferais plus tard un post dédié sur elle, car il y a pas mal de choses à dire). C’est très cool d’avoir un personnage trans assez important, et qui est un personnage fort et charismatique. Mais je trouve que plusieurs points sont dommages. Déjà, ce n’est jamais vraiment dit explicitement qu’elle est trans. Enfin c’est dit qu’elle aurait voulu être née femme, qu’elle a l’impression que dieu a fait une erreur, etc. Ensuite, aucun personnage dans Black Butler n’accepte sa transidentité. Ils persistent à parler d’elle au masculin, à la trouver dégueue, bizarre et folle. Alors ok, pourquoi pas. Mais que TOUS les persos réagissent comme ça, c’est bof bof. Je doute que ça donne super envie à des jeunes lecteurs trans de s’affirmer et de s’assumer et de faire leur coming out. Le seul perso qui l’a accepté est un figurant obscur dans un flashback où Grell commençait sa transition. Tu sais, le type qui ressemble à France de Hetalia, au 18ème siècle ou je ne sais plus quoi. Et ensuite, même Yana Toboso parle de Grell au masculin, ce qui est assez dommageable.
Donc, à l’inverse d’Isabella, je ne pense pas que Grell soit un bon exemple de représentation des personnes trans. Si on la voit en tant que caricature, c’est bon. Mais pour ça il faut déjà connaître un peu la question trans, donc être trans ou s’y intéresser. Pour le lecteur cisgenre lambda, Grell ne fait que confirmer les idées reçues et les stéréotypes.

Après j’ai pris des exemples que je connais. Vu que je ne connais justement pas trop South Park ni ce perso, je ne peux pas vraiment dire si le perso est efficace ou pas 😣

Vermin