Critique du film ( not by me )
L’un des rares aspects tant soit peu positifs de la crise sanitaire qui tient en haleine l’humanité toute entière depuis près d’un an, c’est qu’elle a complètement modifié notre conception du temps. Avec des rythmes de vie qu’on est obligé de changer chaque semaine, un cran de confinement plus serré à la fois, il devient en effet impossible de prévoir quoique ce soit à long terme. C’est alors le présent qui doit primer sur tout le reste. Un présent qui est pourtant privé de bon nombre de facilités qu’on prenait pour acquises auparavant. Or, avis personnel, aussi éprouvante cette période soit-elle, c’est de la rigolade par rapport à ce qui nous attend d’ici dix, vingt ou trente ans, quand les effets néfastes du changement climatique auront définitivement anéanti le mode opératoire de notre civilisation.
Vous l’aurez sans doute compris, dans notre cas, le documentaire de Emmanuel Cappellin prêche à un converti. Ce qui ne veut nullement dire qu’on n’aurait pas besoin d’une piqûre de rappel salutaire de temps en temps. Ainsi, Une fois que tu sais rend encore un peu plus concrètes certaines choses qu’on savait déjà. Il accompagne surtout un cheminement personnel, truffé d’interrogations et d’impasses, de la part du réalisateur, qui fait de nous, spectateurs, les compagnons avides de savoir, d’explorer et surtout de ne pas désespérer de cette démarche lucide. Car un homme tout seul, même aussi érudit et intelligent que Cappellin, ne peut strictement rien face à une évolution irréversible, qui risque fort de nous dépasser de façon tragique. Ses interlocuteurs, trouvés un peu partout sur la planète, ne sont pas davantage en mesure de nous rassurer sur notre capacité à faire face au pire qui reste à venir.
Cependant, à mi-chemin entre le cri d’alarme d’une extrême urgence et la quête d’un pouvoir intérieur de résilience, inhérent à chacun d’entre nous, ce documentaire réussit à nous éveiller avec force, sans pour autant nous plonger par la même occasion dans l’état dépressif d’un monde privé de lendemains qui chantent.