Interview de Laura pour Le figaro:
« C’est le seul moment que je regrette… » : Laura (« Koh-Lanta ») revient sur son aventure
LE FIGARO. - Vous cherchiez une aventure plus grande que celle que vous vivez au quotidien dans votre van, l’avez-vous trouvée ?
LAURA. - Complètement. L’aventure de «Koh-Lanta» nous transporte là où nous ne pensions pas aller, aussi bien dans la survie, que sportivement ou humainement. Même si je ne souhaitais rien, j’ai trouvé ce que je n’attendais même pas. Je suis quelqu’un qui se connaissait déjà très bien mais, en me poussant dans mes retranchements, l’aventure m’a permis de me connaître encore mieux. En revanche, l’émission n’a pas changé ma vie, si ce n’est que j’avais envie de retrouver du confort donc j’ai pris un appartement. J’ai toujours mon camion mais je l’utilise ponctuellement.
Durant l’épisode, Tania revient in extremis sur le camp avec… un fondant au chocolat. Son attitude vous agace…
J’avais de très bonnes relations avec Tania. C’était l’une des seules avec qui je ne parlais pas de stratégie mais de choses en dehors de l’aventure. À ce moment-là, on avait faim et la manière dont elle est arrivée sur le camp en annonçant qu’elle aurait pu ne pas partager avec nous… Je pense qu’elle a été maladroite. Elle n’allait pas manger en catimini ! On crevait tous de faim depuis 35 jours donc ça ne se faisait pas. Au début de l’aventure, je lui avais fermé la porte parce que je pensais qu’elle n’était pas dans l’émission pour les mêmes raisons que moi. La porte s’est réouverte quand elle est revenue et qu’elle n’était plus en binôme avec Benjamin.
Lors de l’épreuve d’immunité, vous ratez de peu la première place. Que se passe-t-il dans votre tête quand vous comprenez que ça s’est joué à quelques secondes ?
Je suis rageuse. Intérieurement, je bouillonne mais j’ai aussi du mal à prendre conscience des choses. À la fois, je suis fière de cette deuxième place et aussi dégoûtée parce que ça s’est joué à deux secondes. Si ça s’était joué à deux minutes, je n’aurais pas pu gagner. Mais là, vraiment, j’ai cafouillé et j’ai mis du temps à finir. J’ai été bornée en me disant “on est partis d’en haut à droite, on doit sortir en haut à gauche”, et non (rires). Je m’en veux tout simplement. C’est le seul moment que je regrette parce que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.
Clémence, votre binôme de l’aventure, s’est fait éliminer deux conseils avant vous. Comment l’avez-vous vécu ?
Ça a été le départ le plus dur pour moi étant donné que je voyais partir mon alliée. En plus de ça, j’avais trahi Nico et Julie pour sauver Clémence donc ça a été très difficile. Mon aventure a pris un autre tournant à ce moment-là.
Lors des destins liés, vous mentez dans les yeux de Nicolas et votez pour lui, pourquoi ?
Je n’avais tout simplement pas d’autre choix pour sauver Clémence. À ce stade, je faisais confiance à Quentin et Clémence était sûre de Frédéric (en binôme avec Tania NDLR). Je ne suis pas quelqu’un qui est allé au cœur de la stratégie. Donc, par élimination, j’ai voté contre le binôme de Nicolas et Julie. En fait, je ne vote pas vraiment contre eux mais j’essaye de sauver Clémence.
Vous étiez pourtant très proche de Nicolas au début de l’aventure…
Il a eu une affinité plus profonde avec Julie qu’avec moi, lors de la recomposition des équipes. Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas. Et on le voit bien dès la réunification : s’il doit sauver une fille, ce n’est plus moi, c’est Julie. Alors qu’à la base, les garçons disaient que s’ils devaient emmener une fille loin c’était moi. À ce stade de l’aventure - même si je n’avais pas trahi Nico - on voit bien qu’ils votent contre moi parce qu’ils ont peur de moi à l’orientation. Je leur ai peut-être donné une carte pour leur dire “votez contre moi”.
Pensez-vous que c’est ce qui a précipité votre chute ?
Au final, la trahison n’explique qu’en second lieu mon élimination. La première raison est que je leur faisais peur. Je suis quelqu’un de très méthodique, de patiente, de posée. J’ai un bon sens de l’orientation et, naïve comme je suis, je l’avais dit. Donc je pense que je faisais peur à ce moment-là.
Quel est votre sentiment au moment où vous voyez votre nom sur le dernier papier ?
Je m’en doutais. J’avais sondé les votes - même si c’est quelque chose que je ne faisais pas en temps normal -, je me sentais en danger. Je ne suis pas dupe. En cherchant le collier, j’étais déjà en train de faire une rétrospective de mon aventure. Je savais que j’allais partir et je n’avais pas envie de relancer une stratégie, des alliances. Maintenant, avec le recul, je l’aurais fait. On repense à pleins de choses, j’aurais protégé Tania avec mon talisman. Même notre alliance féminine s’est arrêtée beaucoup trop tôt…
Si vous deviez revivre l’expérience «Koh-Lanta», changeriez-vous quelque chose ? Comment l’appréhenderiez-vous ?
C’est un peu comme lorsqu’on découvre un jeu et que l’on fait un tour de chauffe. On découvre des nouvelles choses. J’aurais peut-être plus de retenue sur mes révélations, j’irais peut-être plus dans la stratégie. Après je dis ça mais je ne suis pas quelqu’un de stratège. Si ça se trouve, je serais exactement pareil. Ma naïveté et mon empathie me perdraient tout autant…
