Écriture automatique, écriture thérapeutique?
On m’avait dit que la poésie, c’était écrire en exprimant ses émotions. On m’avait dit que les introvertis avaient du mal à exprimer leurs émotions.
En vieillissant, j’ai l’impression d’être davantage en phase avec mes émotions. Je m’exprime, je mets des mots, je mets des expressions, je mets des gestes, je mets des larmes, du sang, de la sueur, des soupirs. Les simples soupirs. Les longues respirations pour se calmer.
Et les fantasmes. Les fantasmes qui tournent dans la tête, les scénarios que l’on se fait intérieurement pour imaginer ce qu’on ferait dans telle situation. Comment on aurait pu gérer telle situation, tel évènement.
Le désir de refaire son enfance, parfois, de saisir des occasions manquées, de régler ses comptes, puis la réflexion. Finalement, cette enfance est très bien comme elle est, car c’est elle qui nous a construit.
Mais quels regrets, que de choses laissées derrière moi. Que d’oubliés. Que d’oublis. Que de renoncements. Et quelle difficulté pour renouer, quand on souhaite le faire.
Écriture automatique, exutoire? Pas toujours. Mais écriture automatique, écriture hypothétique?
Je ne sais pas si ça fait sens.
Ça fait du bien de se lâcher, parfois, il y a besoin. On en a besoin. J’en ai besoin. Et mes besoins sont complexes, de plus en plus. Je suis en perdition, retrouvez-moi. Je serais presque prêt à croire en Dieu si je n’étais pas convaincu que c’est une connerie.
Je crois au destin, mais parfois je ne comprends pas ma vie. Ce que je suis censé être, censé faire, censé avoir.
J’ai des hontes, j’ai des regrets, j’ai des reproches. Parfois j’ai l’impression d’être méchant. Je suis gentil, humaniste. Mais méchant. Salaud. Je fais du tort.
Je n’aime pas tout le monde. J’essaie d’être aimable avec tout un chacun, dans la vraie vie du moins. Mais il y a tellement de gens que je n’apprécie pas. Je déteste très peu de monde, hein. Mais je règle mes comptes dans ma tête avec pas mal de gens.
Je m’imagine en train de péter mon câble contre certaines personnes qui m’ont irrité. Je ne le fais jamais, pourtant.
Est-ce par manque de courage? Je ne suis pas sûr, au contraire j’ai l’impression de faire preuve d’une certaine maturité en ne m’engueulant pas facilement avec les gens ou en ne tentant pas de corriger les défauts des gens autour de moi. Peut-être aussi parce que je n’aime pas qu’on essaie de corriger mes défauts.
Pourtant je les corrige, mes défauts.
Mais je n’aime pas être coaché. Raah, je déteste être coaché. Je déteste que quelqu’un se mette en tête de décider de mon planning, de comment je dois organiser mon temps libre, de ce que je dois faire, de comment je dois me sentir.
Foutez-moi la paix, sérieusement. J’ai besoin de soutien, pas de contrôle.
Je déteste les pep talks, je déteste qu’on essaie de me booster, de me secouer, il n’y a rien de plus efficace pour me paralyser complètement. Je suis une machine bizarre, dès qu’on me secoue un peu, je ne fonctionne plus. Je me braque sans rien dire.
Une façon de gérer le stress? J’ai déjà entendu parler d’une gamine, une toute petite, qui bougeait très lentement parce qu’elle avait des parents très speed. Est-ce que je suis comme cette gamine? J’étais un gamin lent, après tout, ça m’a valu pas mal de baffes de la part de mon instit de CE2.
Exutoire? J’en ai rédigé, des exutoires. Dont un que je n’ai jamais relu, qui traine quelque part sur mon ordi. L’idée était de sortir de ma tête des faits qui me torturaient, qui m’envahissaient quotidiennement, une sorte de traumatisme qu’il fallait que j’évite de me remémorer sans arrêt parce que j’étais sans arrêt en train de me justifier sur les malheurs qui m’arrivaient.
Et pourtant, je continue d’y penser. Ça fait presque trois ans que j’y pense tous les jours, je pense. Enfin, à force, je ne me souviens plus si j’y pense réellement tous les jours, mais j’ai encore cette impression-là.
Ceci dit, ça m’avait quand même permis d’aller mieux, donc ça n’a pas été une perte de temps.
Écriture automatique, écriture nostalgique. Non, pas tout à fait, mais la nostalgie s’est effectivement installée il y a quelques semaines. Bon, ça commence quand même à passer. Mais l’idée était de refaire un peu le tri dans mes souvenirs et mes idées.
C’est fou, j’ai réanalysé certains évènements de mon enfance et de mon adolescence, et avec le recul, je n’en ai plus du tout la même interprétation. C’est pas inintéressant de se replonger dans ses souvenirs de temps en temps et d’écrire tout ça, avec le prisme du jugement.
Ça m’a fait du bien aussi.
Maintenant je balance plein de mots, de phrases, sans me relire, sans vraiment réfléchir, juste pour me défouler.
Ça fait pas de mal.
Je pense que je vais arrêter là, quand même, ça devient un peu long.