@Fuong a dit dans [Covid-19] Et si c’était un tout-puissant… :
Pour changer encore de point de vue, sachez que le fait de considérer les virus comme des êtres vivants n’est pas du tout la norme chez les biologistes. Cette idée émerge ici parce que ce sont plutôt les virologistes qui les considèrent souvent comme tels… et que je suis virologiste xD
Pour le commun des biologistes (i.e. la plèbe), les virus ne sont pas des êtres vivants mais des objets issus du vivant, qui ont acquis une certaine autonomie bien loin d’être totale. Mais ce point de vue a aussi son charme puisqu’on peut alors considérer les différents virus comme des “modules”, des extensions génétiques d’une espèce (ou d’un taxon, c’est-à-dire un groupe d’espèces). Chez les bactériophages dont je parle plus haut, si on regarde dans le détail, je n’ai pas tout dit : chez une souche bactérienne qui a accueilli une souche virale dans son génome, il faut savoir que sous le coup d’un stress environnemental, ce virus peut s’exciser du génome et ce faisant, il y a une probabilité non négligeable pour qu’il embarque une petite partie du génome bactérien dans le processus. Et quand il va rencontrer une autre souche bactérienne et que celle-ci aura la capacité à l’intégrer dans son génome, elle va récupérer le génome viral plus la petite partie du génome de la souche bactérienne précédente. On peut considérer que la souche bactérienne la plus tolérante (celle qui intègre le plus facilement les génomes viraux tout en limitant un maximum l’excision de ces derniers) est une pilleuse de génomes des souches bactériennes les plus faibles et les virus sont dans ce cas considérés comme de simples modules de transfert de gènes (à tête chercheuse !).
C’est un cas facilement observable chez les bactéries mais qu’en est-il des êtres plus gros comme les humains ? Est-ce que l’espèce (ou le groupe social survivant) profite de l’infection des premières individus ? A part quelques rares virus qui s’intègrent dans le génome (comme les rétrovirus comme le HIV) des cellules germinales (spermatozoides, ovules), il ne peut y avoir de transmission génétique (héritable). S’il y avait un effet positif intra-espèce, ce serait peut-être un effet de brassage économique mais j’ai du mal à percevoir les grandes épidémies comme des périodes d’essor. Dans les courbes de population historique il n’y a pas de rebond poste épidémie, juste un retour à la normale.
Peut-être qu’il faille voir une fonction écologique des virus chez les animaux qu’en prenant du recul et qu’il faille regarder plutôt le genre Homo ou plus large encore, sur une échelle bien plus longue. Quand l’homme de néanderthal et l’homme moderne se rencontraient pour se reproduire, ils échangaient des gènes saupoudrés de séquences virales qui se sont insérées très lentement dans leurs génomes respectifs. Les virus ont indéniablement un rôle dans le brassage génétique des êtres vivants (au même titre que la mutation spontanée ou la reproduction sexuée) mais le transfert horizontal de gènes, via les virus, entre les êtres pluricellulaires, s’il existe, est loin d’être la règle comme chez les bactéries.
C’est pas un peu comme ça qu’on a hérité des (de nos) mitochondries ?